Weekend en famille et peut être prolongé pour les plus chanceux d’entre nous. L’occasion de partager les repas, discuter politique, gastronomie ou… horlogerie, parce que vous adorez ça… Au centre de l’attention : votre montre, forcément, une montre de luxe au poignet ne passe jamais inaperçue! Et face aux avis de chacun, vous allez, vous, pouvoir raconter son histoire.
Et en complément, voici l’histoire de l’horlogerie (j’exagère parce que pour cela il vous faut plutôt la semaine de vacances), que dis-je, l’histoire de la mesure du temps, et de cet intérêt incroyable que l’homme y a toujours porté. Je vous la fait en résumé (il y a pourtant tellement de choses à dire), plus facile à mémoriser et à insérer dans la discussion!
La vérité, c’est que la mesure du temps est, depuis toujours, l’une des principales préoccupations de l’homme. Pour organiser sa vie sociale et religieuse, entre autres choses. Aux premières civilisations, les références telles que l’ombre qui se déplace , les cycles lunaires et les saisons étaient déjà des outils. Au fur et à mesure de ses évolutions, l’homme s’est ensuite inspiré de phénomènes sûrs et redondants, et a souhaité, de plus en plus, arriver à la précision ultime.
Je vous fais grâce de l’observation terrestre, lunaire, et de tous les termes indigestes qui s’en suivent (pardon aux astronomes qualifiés), ce qu’il faut retenir, c’est que le premier calendrier abouti (sans compter l’avance probable des Egyptiens, Mayas et Aztèques en la matière) était romain, et comptait 365, 24219 jours (notez la précision !) dans une année solaire. Les améliorations et ajustements suivront.
La division du jour en douze heure est associée au premier cadran solaire reconnu, dont chacun connaît le fonctionnement. Tandis que se posent les problèmes de latitude et de saisons, les cadrans évoluent tout de même au gré des savoir-faire, tout comme la clepsydre (déjà utilisée par les Egyptiens), grand vase percé à la base, gradué et qui laisse échapper un filet d’eau. Les grecs ont amélioré cet instrument dans les années -270 bien que la précision laisse à désirer. Sur le même principe, le sablier a permis de mesurer des intervalles de temps ; comme le savais Christophe Colomb qui lors de son voyage vers l’Amérique mesurait le temps en faisant retourner des sabliers.
Avant le XIII eme siècle apparaissent les premières horloges mécaniques aux fonctions sommaires : une seule aiguille indique les heures. L’énergie nécessaire à son fonctionnement est obtenue avec le balancement d’un poids qui est irrégulier ; d’où l’insertion plus tard du mécanisme de l’échappement.
Autre changement majeur : au XVII eme siècle (en 1675 précisément) le spiral de Christian Huyens fait son apparition permettant de se passer du balancier et ainsi de réduire la taille des horloges. Ainsi, on a (les plus fortunés) non seulement sa propre horloge chez soi mais aussi des pièces de moins en moins encombrantes, jusqu’à ce que soient introduites les montres. Montres oignons, montres Régence, montre Louis XVI, montre Caron, les styles et les innovations se succèdent. On porte désormais le temps sur soi.
Dans les années 1800, le savoir-faire et le génie d’Abraham Breguet (échappement à tourbillon, échappement à force constante..) fait son œuvre, donne à la future horlogerie toutes ses bases de travail et fait référence absolue.
Au XX eme siècle, les montres de poche sont largement distribuées en France, dans un aussi large éventail de prix… Avoir le temps à portée de main, c’est bien mais cela ne suffit pas dans un monde qui connaît l’industrialisation et qui se presse de plus en plus. La montre bracelet apparaît…
A l’éternelle question « Qui de Breguet ou Cartier a inventé la montre bracelet ? », je répondrais de bien différencier la montre bijou et la montre mécanique. En 1810, un bracelet montre fut réalisé par Breguet pour Caroline Murat, reine de Naples. Rien à voir en termes d’innovation et de contexte avec l’innovation de Cartier réalisée pour son ami Santos-Dumont qui voulait pouvoir consulter l’heure sans lâcher les leviers de commande de son aéronef (pratique !). Cette montre bracelet moderne, telle que nous la connaissons, est commercialisée en 1911.
En 1929, la mesure du temps se doit d’être plus discrète et plus pratique à porter ; Jaeger-Lecoultre réduit le mouvement mécanique à un minimum jamais atteint et en 1932, Rolex met au point la première montre étanche Oyster.
Les marques horlogères, de plus en plus nombreuses et reconnues se lancent alors dans la recherche, pour développer des complications, mais aussi mettre au point des mouvements précis et performants, et de nouveaux matériaux. Les années 1945-1965 sont vraiment considérées comme l’âge d’or des montres bracelets qui connaissent une croissance extraordinaire.
Dans les années 80, les ventes horlogères connaissent pourtant une baisse considérable, et l’industrie française est quasi rayée de la carte. En cause : la montre à quartz. Les industries suisses se replient et contre-attaquent ; Nicolas Hayek invente alors la Swatch, qui se vendra à des millions d’exemplaires, et l’heureuse manœuvre relancera finalement la montre mécanique. Aujourd’hui, des dizaines et des dizaines de brevets techniques sont déposés tous les ans alors qu’on croyait l’horlogerie enfoncée dans un système d’incapacité en termes d’innovations puisque « tout a déjà été fait ». Les marques innovent pourtant sur le cumul des complications, sur les métaux, sur la précision, sur le détail, sans parler du design ou d’hommages historiques.
La mesure du temps est aujourd’hui parfaitement maîtrisée par l’homme. Et c’est bien pour cela que la problématique change, et que la course contre la montre est engagée. Le défi n’est plus de mesurer le temps mais d’en gagner… Et au-delà de ce rôle primaire que le garde-temps assure, il en est d’autres sur lesquels on pourra philosopher encore pendant des heures… C’est quand votre prochain long weekend ?
Pour entrer dans les détails des marques qui vous passionnent, retrouvez quelques ouvrages ici.
Et pour les plus téméraires, je vous conseille La mesure du temps à travers les âges, de Richard Chavigny et Michel Perissas