Interview : Rencontre avec Jérôme Brisebourg

CRESUS sera partenaire de Jérôme Brisebourg pour sa nouvelle aventure. C’est l’un des 2 seuls français à avoir réalisé le Grand Chelem des explorateurs (7 sommets les plus hauts du monde ainsi que le pôle Nord et Sud). Ce partenariat est né du partage de valeurs communes, de performance, audace, passion et économie responsable. L’aventurier a choisi comme nouveau défi, cette année, la traversée du Spitzberg, situé entre la Norvège et le pôle Nord. Ce ne sont pas moins de 600km à parcourir en 31 jours, à une température de -30° en moyenne. Pour l’accompagner dans cette aventure inoubliable, CRESUS lui a confié une des montres de sa sélection horlogère de seconde main : la Rolex Explorer II (ref 216570).

Découvrez ici l’interview écrite entre notre CEO Maximilien Urso avec l’aventurier Jérôme Brisebourg.

Maximilien : L’équipe de Cresus et moi-même sommes très heureux de vous présenter aujourd’hui un partenariat qui nous tient très à cœur avec un aventurier : Jérôme Brisebourg.
Jérôme, peux-tu te présenter à tous nos followers sur Cresus ?

Jérôme : Bonjour Maximilien, je suis Jérôme et effectivement, je suis aventurier. En l’espace de 20 ans, j’ai pu accomplir ce que l’on appelle le grand Chelem des explorateurs qui consiste à faire l’ascension des Seven summits. Les Seven summits, c’est le sommet le plus haut de chaque continent donc ça m’a amené bien sûr à faire l’Everest. Pour compléter et avoir le Grand Chelem, j’ai également dû aller au pôle Nord et au pôle Sud.

Maximilien : Le temps, l’excellence et l’expertise sont les maîtres-mots chez Cresus puisqu’on travaille avec des instruments de haute précision et des produits de luxe. Depuis 30 ans, nous travaillons vraiment sur ces qualités au travers de nos cinq boutiques et nos collaborateurs à différents niveaux. Nous avons des horlogers, des vendeurs et nous travaillons sur le digital qui est ici un outil très technique.
Quelles sont les qualités dans un autre univers qu’est le tient pour réussir ces beaux projets ?

Jérôme : Je ne vais peut-être pas pouvoir te les citer dans l’ordre, mais la première qui me vient à l’esprit, c’est surtout l’humilité. Tu es dans un environnement qui est plus grand que toi, qui est plus fort que toi alors il faut se dire que tu n’as pas de deuxième chance ou même peut-être que tu seras prêt, mais les conditions ne seront pas réunies pour aller au sommet. Parfois, nous sommes prêts et nous disons que c’est le moment d’y aller, mais non il y a de la neige, il y a du vent et donc de renoncer pour ne pas se mettre en danger, c’est ça la première qualité.

La deuxième qualité, c’est la détermination, c’est-à-dire être vraiment au clair avec ce que tu veux et à partir de quand tu es prêt à renoncer. Par exemple, il faut se poser la question de savoir est-ce que je veux vraiment le sommet de l’Everest, est-ce que je veux vraiment aller au pôle Nord. Il est nécessaire de se poser ces questions parce qu’après, pour dérouler le projet, il va y avoir des conditions extrêmement difficiles. Peut-être qu’il fera – 20 dans la tente, peut-être que tu vas enchainer 4 jours de tempête ou autre. Evidemment, les choses ne se passeront pas comme prévu donc si tu n’es pas déterminé, ce sont des obstacles difficiles.

Maximilien : Ça ne se passe jamais comme prévu non ? Est-ce que t’as eu une aventure où tout s’est bien déroulé ?

Jérôme : Alors c’est également la troisième qualité, c’est effectivement la capacité à te dire que ça ne va pas se passer comme prévu et dans ça, tu as la gestion du temps en termes d’anticipation dans un premier temps, c’est à dire que tu vas te dire : qu’est-ce qui peut m’arriver, comment je peux me préparer tout en sachant qu’une fois que tu seras sur les lieux ça ne se passera pas comme prévu. Tu as donc des logiques d’adaptation au milieu ou tu te trouves. Il est donc nécessaire d’avoir cette gestion de risque, c’est-à-dire savoir à partir de quand tu penses te mettre en danger.

Maximilien : Tu me disais, il y a le projet, il y a l’aventure mais en même temps il y a la limite par rapport aux risques pour son intégrité physique ou même psychiques parce que en effet, c’est une adversité ou il y a un gros challenge. Il est vrai qu’avec les équipes tout le monde ne réagit pas de la même façon ; ça ne doit pas toujours être évident non ?

Jérôme : Pour répondre à ta question, sur l’anecdote je te donnerai l’exemple suivant : quand on est allé au pôle Sud, on s’est dit qu’on démarrait doucement. La première journée nous avons donc skier pendant 5h, mais une fois arrivés le calage météo nous annonce qu’il y a une tempête donc plutôt que de faire 5 h nous avons fait 15 h. C’est-à-dire que la première journée nous avons fait 3 jours d’avancée. Dans ces situations, il est nécessaire de s’adapter, car pendant 2 jours, j’avais des courbatures, je pouvais plus bouger puisque je n’étais pas prêt à faire à ce genre d’effort.

Maximilien : Je comprends, tu avais une fenêtre de tir ou tu étais obligé d’allé.

Jérôme : Je te donne un autre imprévu, c’était au Pakistan alors que nous tentions un sommet à 8 000 m qui s’appelle le Gasherbrum II. Le calage météo nous dit que nous pouvons y aller le lendemain, car il annonce 3 jours de beaux temps. Le seul point est qu’il est difficile si cette nuit il neige beaucoup ou non.

Maximilien : C’est un paramètre assez à prendre en compte quand même.

Jérôme : Voilà donc on est super motivé, on se lève, on ouvre la tente et il y avait 1 mètre de neige au camp de base donc autant te dire que c’était terminé. Ce sont des paramètres imprévus qui sont frustrants en l’occurrence.

Maximilien : Il y a une préparation super longue, ces éléments imprévus décalent tout et peuvent même parfois annuler le projet.

Jérôme : Pour le coup, ça a annulé le projet, c’est à dire que tu rentres, tu bénéficies des 3 jours de beau temps et tu es extrêmement frustrés parce que tu es dans la vallée et tu vois les cimes, mais en fait la montagne est chargée de neige et c’est donc très dangereux.
Donc la dernière qualité, c’est ce que j’évoquais avec l’équipe, c’est la capacité à bien fonctionner ensemble et bien fonctionner ensemble, c’est déjà bien fonctionné soi. Nous sommes quand même soumis à des conditions difficiles, tu vas avoir du stress lié au danger, tu vas avoir de la fatigue cumulée parce que c’est des projets de 30/35 jours, tu vas avoir le fait que tu es isolé et loin de ta famille donc tu n’as pas de confort matériel ni affectif. Parfois, tu te poses la question de te dire mais est-ce que c’est vraiment ça mon rêve ?

Maximilien : Il y a donc une remise en question.

Jérôme : Tu as donc ton propre stress, ta gestion de la situation et ensuite absorber le stress des autres donc autant te dire qu’effectivement parfois ça frictionne.

Maximilien : La question que j’aimerais te poser maintenant est de savoir pourquoi tu as choisi Cresus pour cette nouvelle expédition au Spitzberg ?

Jérôme : Le projet Cresus est un marché que je ne connaissais pas et je me dis qu’il y a un grand rapport avec l’économie circulaire qui est aujourd’hui une question que l’on se pose tous. Plutôt que de toujours produire plus, je peux vendre mon article donc je ne me sers plus ce qui comblera les désirs, les envies ou les besoins des autres. Nous retrouvons d’ailleurs ce principe-là de sobriété dans les aventures. Il est nécessaire de savoir ce dont j’ai besoin avant d’acheter, par exemple, si je n’ai plus besoin de ma montre, je peux la vendre et ça fera le bonheur d’une autre personne.

Maximilien : Chez Cresus, nous sommes des passionnés pour des passionnés et quand on s’est rencontrés, j’ai tout de suite vu ton œil pétillé par rapport à tes aventures comme les collaborateurs de chez Cresus qui sont passionnés par l’horlogerie et la joaillerie. Qu’est-ce qui t’a fait venir à cette passion ?

Jérôme : D’abord, ce sont des rêves d’enfants. Je suis originaire de Bordeaux donc autant te dire que les zones polaires et les montagnes, il n’y en a pas tellement.

Maximilien : Il y a la dune du Pilat quand même.  

Jérôme : 100 mètres d’altitude, c’est un bon terrain d’entraînement. Petit, je pratiquais le foot et j’essayais d’être professionnel. Ça n’a pas marché, mais je lisais aussi à côté des livres d’aventuriers et dès, petit je me suis dit tiens, j’aimerais bien aller au pôle Nord pour voir ce que ça fait que marcher sur l’eau et puis aussi, j’avais l’idée de tourner autour du pôle pour voir si ça faisait rajeunir. J’avais aussi l’idée d’aller au sommet de l’Everest puisque tu es quasiment à 9 000 mètres donc quasiment à la hauteur du vol d’un avion. J’avais aussi envie d’aller là-bas tout au sud pour voir ce que ça fait que d’avoir la tête en bas parce que c’est vrai que quand on voit un globe, on se dit là j’ai la tête en bas. En fait, en réalité, c’est comme ici. Un jour, vers la trentaine, j’ai transformé ça, j’ai démarré par le mont-blanc avec ma femme. C’était un challenge qu’on s’était fixé et puis tu prends confiance, tu découvres le milieu, tu vois que ça te plaît, tu rencontres des gens qui te transmettent leur passion et donc ça te permet de faire d’autres montagnes et d’autres zones polaires.
Pour la passion, je pense que c’est comme pour tes équipes Maximilien, ça ne s’arrête pas en fait et c’est ça le problème.

Maximilien : C’est ça la passion, une fois qu’on met le doigt dedans, après on continue. En-tout- cas, c’est beau de réaliser ses rêves d’enfant.

Jérôme : Ce n’est pas si évident, ce n’est jamais le bon moment puisque quand tu as une famille, des enfants et un travail, ce n’est jamais le bon moment. La première décision, c’est la différence entre le rêve et puis la concrétisation. C’est à un moment donné posé une date et une fois que tu as posé une date, commencer à mettre en place à toutes les actions et tous les moyens pour essayer de concrétiser.

Maximilien : C’est une gestion de projet et d’organisation derrière le rêve d’enfant et il y a quand même beaucoup de logistiques et de techniques de préparation. C’est donc de la passion et en même temps, c’est un projet avec de beaux enjeux.

Jérôme : Exactement, déjà les projets, je les ai toujours faits en équipe, ça reste une aventure à la fois intérieure puisque tu vas chercher de nouvelles ressources, tu rencontres tes limites aussi parce que tu es confronté à des situations inhabituelles et ça, c’est l’aventure intérieure individuelle. Mais comme on est dans un collectif évidemment, c’est un projet humain. Tu as la préparation avant, tu as le pendant, et puis après tu as les réunions d’anciens combattants. C’est dans ces moments qu’on se raconte nos aventures. Tu partages tellement d’émotions et d’intensité avec les autres que même 10 ans après tu te réactives les évènements et tu rappelles que tu as vécu ça.

Maximilien : Rendez-vous demain avec Jérôme Brisebourg qui va nous raconter son aventure et son nouveau projet au Spitzberg avec 600 km de traversée et une équipe de 7 personnes.
Jérôme à demain

Jérôme : à demain