Montres intelligentes : l’horlogerie doit-elle avoir peur ?

« Montres intelligentes », « montres connectées », « smartwatches » appelez-les comme vous voulez, elles sont bel et bien arrivées. Et tous les jours on en entend parler. L’horlogerie de luxe les a longtemps ignorées mais voilà, elles sont devenues réalité. Reste une question qu’on peut légitimement se poser : représentent-elles un danger quelconque pour l’horlogerie de luxe ?

Montre intelligente vs montre de luxe : est-ce comparable ?

Après plusieurs marques, ce fut au tour de Samsung de sortir sa montre intelligente : la Galaxy Gear.

On se dispensera ici d’émettre un quelconque jugement sur le produit ou d’en faire la revue ; ce n’est pas vraiment l’objet. La question, c’est : est-ce que cette montre pourrait maintenant, ou bientôt, venir cannibaliser les ventes des montres de luxe ? Que ce soit celle-ci ou une autre ; puisque la IWatch d’Apple se laisse encore désirer.

montre connectée Samsung-Galaxy-Gear

Les réactions des connaisseurs et des CEO de grandes marques horlogères ressemblent plus à un haussement d’épaules qu’à une crise d’épilepsie. Il est vrai qu’une telle montre n’a pas grand-chose à voir avec les belles montres de luxe, celles que nous aimons ici. On ne peut pas sérieusement comparer high tech et artisanat voir art tout court. On ne peut pas se faire de soucis pour les automobiles de collection alors que les voitures électriques ou hybrides se développent.

Par essence, ces deux typologies de montres, qui n’ont en commun que le fait d’être portées au poignet, n’ont pas les mêmes objectifs. L’une se veut innovante mais pas complètement autonome, multi-tâche mais pas complète, et surtout son caractère obsolète ne correspond pas à ce que l’on attendrait d’une montre. A la manière des smartphones de toutes les marques, les nouvelles versions font en effet oublier les précédentes, les rendant instantanément caduques. Les belles montres, c’est tout l’inverse ; avec elles on acquiert un morceau de culture, d’artisanat, de tradition, une richesse exceptionnelle, dans la pérennité.

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Si l’on se veut positif, on pourra considérer que de nouvelles montres redonneront l’envie à bon nombre de personnes d’en reporter, et qu’alors, dans l’évolution naturelle des choses, ces mêmes personnes basculeront vers le choix de la belle horlogerie plus tard. Globalement c’est ce qu’avancent les marques qui essaient de voir toute cette effervescence autour des montres intelligente comme une stimulation. Et pourtant…

La guerre des poignets

Il faudra cependant  garder un œil bien vigilant sur l’évolution de toutes ces innovations. Quand le quartz est arrivé, les manufactures n’y ont guère prêté attention et pourtant chacun sait le mal qu’elles ont eu à s’en remettre.

D’après le cabinet d’études Canalys, plus de 500 000  montres intelligentes devraient être vendues d’ici la fin de l’année. Et quand Apple aura investi le marché il s’en vendra certainement des millions.

Ce que l’horlogerie peut éventuellement craindre, ce n’est pas de se faire grignoter quelques parts de marché dans le bas de gamme, car elle saura riposter. C’est éventuellement la guerre des poignets. Pas de problème pour quelqu’un qui a l’habitude de porter de belles montres mécaniques et n’est pas attiré par ces montres considérées parfois comme des gadgets, et limitées dans leur utilisation (on parle déjà de batteries à charger, de volumes limités pour trop de fonctionnalités etc.) Quant à celui qui aime à la fois la belle horlogerie et les nouvelles technologies, se posera-t-il longtemps la question ? Est-ce qu’il préfèrera porter sa montre intelligence la semaine pour des raisons pratiques et la belle montre le weekend pour en profiter pleinement ?

Ces attitudes seront à suivre de près. Mais ce qu’on retient, c’est que l’horlogerie de luxe n’est pas réellement menacée, car au-delà du fait qu’elle ne souffre la comparaison, elle a plus d’un tour dans son sac et bénéficie d’une notoriété indestructible.

Tout au pire, nous avons bien deux poignets non ?