Le problème de la contrefaçon n’est pas des plus récents : depuis les débuts de l’horlogerie cette menace plane… C’est entre autres pour lutter contre ce phénomène inquiétant que le Poinçon de Genève a fait son apparition. Aujourd’hui, ce gage ultime de bienfacture horlogère fête ses 125 ans et fait peau neuve pour mieux répondre aux besoins d’excellence et de reconnaissance des Manufactures. Retour sur l’histoire, l’objectif et les grands principes de ce standard d’excellence.
Un peu d’histoire
Depuis plus d’un siècle, le Poinçon de Genève représente une référence de qualité, synonyme d’un savoir-faire artisanal d’excellence. Élaboré au 1873 par le Bureau de contrôle des montres genevoises, à la demande du Grand conseil de la République et du Canton de Genève et principalement de la Société des horlogers, menacée par le fléau de la contrefaçon, ce poinçon reste l’une des appellations professionnelles les plus reconnues. Il demeure aujourd’hui le symbole de l’authenticité mais aussi de la perfection horlogère.
Ce label qui peut être obtenu à la condition que le mouvement de la montre présentée, mécanique évidement, soit assemblé et réglé dans le Canton de Genève, et que chaque calibre présenté réponde à 12 critères à la fois techniques et esthétiques. Comme tout critère de qualité que l’on décerne, ce dernier eut besoin d’évoluer, en fonction de son temps et des innovations technologiques importantes qui font de l’horlogerie ce qu’elle est aujourd’hui.
Non sans difficultés, le Poinçon de Genève s’est donc offert une nouvelle jeunesse en 2012, tandis que le projet naissait déjà 4 ans auparavant et une nouvelle approche a vu le jour, complètement tournée vers l’avenir.
Lorsque l’on dit « non sans difficultés » c’est en fait un euphémisme : il aura fallu plusieurs années et une commission de 7 personnes pour changer les préceptes de cette norme et pouvoir enfin la faire évoluer en conformité avec les attentes du client et aussi avec les inventions et découvertes de la recherche horlogère. Il aura également fallu changer des lois, caduques, et faire en sorte de ne plus se heurter aux freins juridique et légal. Mais c’est désormais chose faite : les nouvelles normes régissant le Poinçon de Genève sont entrées en vigueur le 1 er juin 2012.
Le renouveau du Poinçon de Genève
Ce sont la commission technique du Poinçon de Genève et Timelab, le laboratoire d’horlogerie et de microtechnique de Genève qui président à la certification. Auparavant, cette certification portait uniquement sur la qualité du mouvement. Désormais, le poinçon tiendra compte de l’ensemble du produit, de sa conception à l’habillage, prend en compte la tête de montre, et plus que jamais la qualité des finitions.
En effet, en tant que véritable pilier de l’économie genevoise et référence dans la qualité horlogère, cette certification ne pouvait pas accomplir de révolution. Le but étant de renforcer les critères pour mieux satisfaire les clients et se conformer aux progrès, c’est la fiabilité dans son ensemble qui est évaluée.
En commençant par la provenance : car les montres présentées en vue d’être homologuées doivent être assemblées, emboîtées et réglées dans le canton de Genève par des manufactures répertoriées à son Registre du commerce. Avant même d’être assemblés, les composants sont examinés ; puis c’est la tête de la montre qui passe à l’examen : l’on va notamment vérifier son étanchéité, sa précision…la montre doit notamment faire preuve d’une précision de marche inférieure ou égale à une minute… Toute cette batterie de tests est effectué au sein même des manufactures sous la surveillance de Timelab, qui a décidé d’accroitre les contrôles en volume et en profondeur.
Enfin, cette nouvelle approche des critères permet également plus de souplesse –pas plus de laxisme, de la souplesse- par exemple, eu égard aux matériaux utilisés. Tous peuvent être employés pourvu que leur présence et utilité puisse être justifiées, ainsi que leur caractère indispensable au bon fonctionnement de la montre.
Un cas concret : Roger Dubuis, une manufacture 100% Poinçon de Genève
Roger Dubuis a bien compris les exigences et les enjeux d’une telle certification. Pour mettre en avant son savoir-faire et la qualité de se ses produits, la Manufacture a opté pour la délivrance de ce label d’excellence moderne et global pour toutes ses montres.
Plusieurs grandes marques horlogères comme Vacheron Constantin ou Chopard aiment à communiquer sur leurs montres porteuses du gage de qualité optimale : le Poinçon de Genève. Mais une Manufacture peut se targuer de posséder une production 100% Poinçon de Genève : c’est Roger Dubuis. Avec bientôt 20 boutiques dans le monde et 4500 pièces par an, soit 100% de la production frappées du Poinçon de Genève, la Manufacture est particulièrement fière de ce Label. Et pourtant cela n’est pas forcément simple à réaliser au quotidien : « Cela représente 40 % de temps en plus par montre » avoue Jean-Marc Pontroué, à la tête de Roger Dubuis. Une bienfacture qui a forcément un prix…
Quel futur pour le Label ?
Bien que plus de 1 250 000 mouvements aient été frappés du Poinçon de Genève depuis sa création, de moins en moins de marques font appel à ce Label…et les deux géants Rolex et Patek Philippe ne l’utilisent pas. Pourquoi ? En dehors du fait que Rolex ne se conforme ni ne se mélange jamais aux standards horlogers, Patek Philippe en a pourtant profité… jusqu’à la création de son propre poinçon
A l’heure actuelle ce Poinçon « confidentiel » est donc réservé à quelques marques, non pas car les autres ne souhaitent pas en bénéficier mais parce que son appellation est intrinsèquement réductrice en termes de localisation. Elle permet pourtant de maintenir un vivier économique précieux…Cela pourra-t-il durer ?
Ce qui est certain, c’est que ce Label d’exception n’a pas finit de s’adapter au futur de l’horlogerie… Une affaire à suivre !